dedans, dehors

Aujourd’hui, le chauffeur de la ligne deux, celui qui parle dans le micro pour raconter des blagues et faire sourire les voyageurs a dit qu’il rappelait à tous qu’on n’était pas forcément obligés de faire que regarder les femmes passer avec leurs poussettes sans les aider à grimper les escaliers, par exemple. Et je vous rappelle aussi que les femmes ne sont pas faites que pour faire des enfants et  la vaisselle.

Une femme, les joues humides de pluie, a dit ça y est, il pète les plombs. Hein ? Oui, écoute, le chauffeur pète un câble.
Après, on a appris qu’il était de Marseille et que petit on lui apprenait qu’il fallait laisser descendre un taureau, pour en faire monter un autre, et qu’il ne comprenait pas, quand il était petit, mais qu’à Paris avec le métro il avait enfin compris, en ajoutant c’est de l’humour. 

Irène n’a pas bien compris, ou peut-être était-ce le son du haut-parleur qui était mauvais mais ça devait avoir un rapport avec le fait de laisser descendre les gens avant de monter dans le métro, justement.

Dehors, dans les phares des voitures, une averse avait transformé les piétons en gymnastes concentrés pour le saut en longueur, entre la route et le trottoir, au-dessus des torrents d’eau, sous des petits toits de parapluies vacillants.

Irène a pensé au pied du père de son amie qui a fait ça sur la pédale de l’accélérateur au lieu de faire ça sur la pédale de frein, et qui est en train de faire son dernier voyage,

Photo © Willy Ronis, Pluie place Vendôme, 1947







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